Vieillir est dans l'air...
Le vieillissement est un invariant inévitable de la condition humaine
Dans la catégorie des seniors, on peut distinguer trois catégories :
1. le groupe des seniors, en pleine forme, consommateurs, autonomes, voyageurs
2. la cohorte des grands vieillards, fragiles, dépendants et avec troubles cognitifs. Parmi eux, le nombre de nonagénaires a considérablement augmenté. On considère même qu’ils sont plus robustes physiquement que les octogénaires et septuagénaires et ils prennent d’ailleurs moins de médicaments.
Déchargés de toutes les charges administratives, financières, ils sont souvent dans l’état d’esprit résumé par l’écrivain Marcel Jouhandeau « La vieillesse ... les vraies grandes vacances »
3. le groupe des seniors « bâtons de vieillesse » qui sont devenus aidants des seconds. Cette charge supplémentaire qui peut s’étaler sur plusieurs années fragilise leur santé et occasionne souvent fatigue morale ou burnout. Elle grignote peu à peu leurs réserves d'énergie, et le temps disponible pour s'occuper d’eux (soins, loisirs…).
Par un effet de vase communicant, « leur temps de vacances s’épuise » et ne se rattrapera jamais !
Ce groupe « bâtons de vieillesse » développe nécessairement une certaine empathie envers leurs aînés dépendants pour s’ajuster à leurs besoins particuliers, dans le respect des personnes. Or, cette empathie va à contre-courant des valeurs actuelles d’individualisme, de pragmatisme. De plus les pouvoirs publics aussi abandonnent leur rôle de gardien du grand âge, en laissant l’initiative au secteur privé.
Ces seniors aidants vivent une situation très complexe, à évoquer ou à partager, souvent pris en étau entre leurs vieux parents et leurs enfants et petits-enfants, mis à l’écart par leurs amis, quand ils ne sont pas critiqués ou victimes de préjugés.
A cela s’ajoute la durée d’aide. En 1975, la période de soins se résumait souvent à 5 années. On arrive maintenant à des durées de 10, 15 ans…Les situations peuvent même s’inverser : ainsi un père nonagénaire rend visite à sa fille de 70 ans au home : celle-ci a été victime d’un grave accident domestique alors qu’elle soignait sa maman !
Interpellée plusieurs fois à ce sujet, c’est un peu la parole de ce dernier groupe de seniors «bâtons de vieillesse» que je porte maintenant.